Près de 34 millions de mètres cubes d'eau économisés... l'objectif est presqu'atteint
Des efforts considérables ont été menés. Il en reste à faire. La ressource en eau, problématique majeure de l'évolution climatique, est au coeur des défis qui se posent au territoire audois. En 2013, une étude révélait un déficit hydrique de 37 millions de m³ pour le bassin versant de l'Aude. Au vu des enjeux - alimentation en eau potable, agriculture, navigation - une réflexion concertée de la gestion quantitative de l’eau a été engagée au travers de l’élaboration d’un Plan de Gestion quantitative de la Ressource en Eau (PGRE). Le programme, approuvé le 26 janvier 2017, comportait 87 actions, avec pour objectif un retour à l'équilibre à l'horizon 2024. Si ce dernier n'a pas encore été atteint, le bilan présenté aux différents partenaires ce vendredi 13 décembre a montré que l'on s'en approchait... 33,9 Mm³ ont ainsi pu être économisés, grâce aux 61 M€ d'investissements réalisés en travaux et aménagements divers (*).
Poursuivre les économies et trouver des alternatives
Pour parvenir à cet équilibre tant recherché, le Syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières (SMMAR), animateur de la démarche - à la demande du préfet, et sous le pilotage de l’État - a donc proposé la mise en œuvre d’un nouveau plan. Le futur Projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) impliquera la Chambre d’agriculture de l’Aude, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, les 3 Schémas d'aménagements et de gestion de l'eau (SAGE), ainsi que les acteurs concernés du territoire : gestionnaires d’ouvrages, profession agricole, autres usagers et institutionnels (Région, Département, Agence de l’eau et autres services de l’Etat). Il comportera 3 volets principaux :
- Poursuite des économies sur la ressource en eau et recherche de plus de sobriété dans les usages
- Réflexion sur les stockages nouveaux et durables :
- Retenues collinaires
- Stockages en nappe
- Réhausse et optimisation d'ouvrages existants
- Réflexion sur les modèles économiques alternatifs et complémentaires
Tous concernés, des milieux aux activités touristiques en passant par le monde agricole et les collectivités
Si tout se passe bien, un programme d'actions sera mis en oeuvre à l'été 2026, au terme d'une démarche concertée de toutes les parties prenantes du projet. Les répercussions, positives, se traduiront à différents niveaux.
- Pour les milieux :
Atteindre un équilibre avec des débits objectifs minimaux et de la métrologie de suivi pour les affluents de l’Aude, qui garantissent le maintien et le développement de la vie aquatique, le respect des zones humides, avec une entrée adaptative au changement climatique - Pour l’agriculture :
- Conduire à un juste partage de l’eau et ramener l’équilibre sur le bassin de l’Aude afin de limiter les périodes de crise en été
- Proposer des solutions d’organisation collectives des prélèvements agricoles, ainsi que les conditions de partage de la ressource en eau en fonction des territoires et des filières agricoles
- Donner de la lisibilité à l’action territoriale et aux financements qui pourront être mobilisés dans le cadre d’une programmation régionale agricole, adossée au Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER)
- Disposer d’une éligibilité aux logiques de compensation des prélèvements agricoles en rivières depuis les ressources stockées (Montagne-Noire/Matemale-Puyvalador),
- Sortir du dispositif ZRE à long terme (Aude médiane et Aude aval), zones sur lesquelles une insuffisance chronique des ressources en eaux par rapport au besoin des usagers est constatée. Le dispositif réglementaire permet d’assurer une gestion plus fine et renforcée des demandes de prélèvements dans cette ressource.
- Pour l’économie et le tourisme :
Hors agriculture, la navigation, la chasse et la pêche, les sports d’eau vive sont des usages récréatifs qui génèrent une économie sur le territoire audois, mais sont parfois incompatibles avec d’autres usages. Le PTGE devra être un outil de planification de conciliation des usages en redéfinissant l’effectivité des besoins, en adéquation avec la capacité des acteurs à disposer de la ressource - Pour les gestionnaires de ressources (BRL, VNF, EDF, le Département) :
Le PTGE devrait permettre d’organiser les besoins sur les périodes de demande, donner de la robustesse aux organisations collectives des usagers, identifier des leviers économiques et des règles de mobilisation de la ressource en eau (techniques et financières, coût de l’eau et périodes de mobilisation) pour les doctrines de compensation des prélèvements qui restent à établir, avec une métrologie de suivi, voire de nouvelles ressources à créer… et financer.
(*) Pendant 7 ans, de nombreux travaux ont été menés pour une meilleure gestion de l'eau : actions agricoles de modernisation des systèmes d’irrigation, réduction des fuites sur les ouvrages VNF, sur les réseaux, optimisation de la gestion de la ressource... Certains ayant valeur d'exemple, comme la structuration des irriguants de l'Aude ou la modernisation des systèmes d’irrigation (ASA d’Olonzac, ASA de Canet, ASA de Raonel, ASA de Luc…), ou encore l'imperméabilisation des berges de la Robine (VNF).