Grégory Angulo, marin-pêcheur à Gruissan, suit les traces de son grand-père qui lui a donné le goût du large. Cet amoureux de la nature a diversifié son activité en rachetant d’abord la base conchylicole la Perle gruissanaise, puis en créant la Conserverie gruissanaise. Des initiatives qui valorisent la pêche et les produits audois.
Vous êtes devenu marin-pêcheur en 2010. Comment est venue votre vocation ?
Mes parents n’étaient pas du métier : mon père était maçon et ma mère travaillait dans une crèche. Mais dès l’âge de 4 ans, mon grand-père marin-pêcheur, Jeannot Boucadeille, m’emmenait avec lui et j’aidais les pêcheurs à démailler les poissons. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu devenir pêcheur. Je n’étais pas très bon à l’école mais j’ai pu intégrer le lycée de la mer Paul-Bousquet à Sète où j’ai réussi mon CAP, puis le BEP et un bac pro. Et plutôt parmi les premiers !
A-t-il été difficile de s’installer ?
Les pêcheurs n’ont pas d’aide à l’installation. J’avais fait des économies après différents stages sur des chalutiers et un thonier sur lequel j’ai embarqué deux mois à l’âge de 15 ans pour une campagne aux Baléares. Dès 2010, j’ai pu acheter du matériel, une barque pour l’étang, des filets, puis je me suis associé, deux ans plus tard, à un collègue qui venait d’acquérir un bateau.
J’aime la liberté, le contact avec les éléments, l’eau, la nature et les poissons.
Quel est votre moment préféré dans la pêche ?
C’est la traque du poisson en Méditerranée. Il s’agit de se mettre à la place du poisson pour trouver où poser les filets et à quel moment. La météo, les courants, la lune, les variations du vent : tout compte pour déterminer les bons endroits, mais aussi l’intuition. Vous avez repris la Perle gruissanaise en 2017.
Pourquoi ce choix ?
Je voulais créer un pôle de la mer sur cette base conchylicole avec vente de coquillages mais aussi de poissons. Avec ma compagne Mathilde, nous avons ouvert un point restauration. Les clients choisissent leur poisson, nous les préparons et ils les dégustent en profitant de la vue sur la mer. Nouvelle initiative l’an dernier avec la création de la Conserverie gruissanaise.
Comment est né ce projet ?
Nous avons décidé avec mon ami cuisinier, Lucas Viesse, de transformer le poisson pour vendre des produits de Gruissan. Nous avons élaboré des recettes comme les rillettes de dorade aux agrumes que nous réalisons dans un laboratoire agréé. L’idée, à terme, est d’installer un local de transformation à Gruissan.
Diriez-vous que pêcheur est un métier d’avenir ?
Oui ! Gruissan compte une vingtaine de pêcheurs professionnels. Mais les zones et le temps de pêche se sont réduits. À Gruissan, nous avons sur l’étang de Campignol un problème lié au changement climatique: l’eau est plus salée et cela impacte tout l’écosystème de l’étang. L’Europe veut aussi nous imposer un système de licences comme pour la pêche en Atlantique. Or, notre gestion, via la prud’homie et le tribunal de pêcheurs, fonctionne parfaitement. Nous limitons déjà nos filets pour ne pas altérer la ressource. Mais j’aime mon métier, la liberté, le contact avec les éléments, l’eau, la nature et les poissons. C’est pour moi un vrai mode de vie.