Environnement, Biodiversité, Flore, Education à l'environnement
Une sagne du lac de Laprade préservée grâce aux travaux d'étudiants en BTS
Le lac de Laprade Basse, alimenté par la rivière La Dure, a été construit et inauguré en 1985 par le Département de l’Aude. Il conserve en amont quelques zones humides (appelées sagnes localement) où un programme original de conservation existe depuis 10 ans. Lequel est mené par la collectivité, en partenariat avec les étudiants en BTS gestion protection de la nature du "campus terre et nature" de Carcassonne.
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Un lac aux multiples fonctions
Le lac de Laprade sert principalement à l'approvisionnement en eau potable, à l'irrigation des plaines agricoles situées entre Castelnaudary et Carcassonne, ainsi qu'à produire de l'électricité grâce aux microcentrales situées en aval du barrage. Il permet aussi de réguler le débit des rivières qui en dépendent, notamment en période d'été.
Ce lac est entouré d’une forêt de feuillus ainsi que de résineux. La queue du barrage est séparée du reste de cet ouvrage par la départementale 101. Là, se trouvent des zones humides d’environ un hectare, réparties entre tourbière et jeune saulaie.
Le Département gère ce milieu très riche en biodiversité, dans le cadre de sa politique "espaces naturels sensibles" issue de la loi éponyme de 1985, mais aussi par l’intermédiaire d’un partenariat original et de longue durée avec l'équipe pédagogique "gestion protection de la nature" du lycée agricole de Carcassonne.
Depuis 2014, diverses classes du BTS gestion protection de la nature se sont donc succédées sur la partie tourbière d'une surface d'environ 0,5 hectare, afin de réaliser des travaux de restauration, encadrées par les équipes pédagogiques. En effet, une zone humide telle qu'une prairie ou une tourbière à cette altitude (environ 800 m), est appelée à disparaître après l'implantation naturelle d'arbres tels que saules, bouleaux, etc. Si rien n'est entrepris, ce phénomène engendre une perte de biodiversité et de fonctionnalité hydrologique telle que la rétention d'eau, utile en cas de sécheresse. Il entraîne enfin une uniformisation des milieux naturels, déjà très majoritairement forestiers sur ce territoire.
L'équipe enseignante des BTS, après échange avec le service environnement du Département en charge de la gestion de ce site, a trouvé le contexte très intéressant d'un point de vue pédagogique, mais également très adapté pour enseigner les multiples défis que le territoire audois doit affronter dans ce contexte de changement climatique.
Préserver et valoriser les milieux, objectifs atteints grâce aux interventions des étudiants en BTS
Depuis 10 ans et cette année encore, une trentaine d'étudiants en 2e année de BTS gestion et protection de la nature a donc réalisé tout le processus d'étude, de réflexion et de travaux sur environ 300 m² de tourbière. Leur intervention a compris :
2 journées d'inventaires en septembre et octobre : faune, flore, calcul IBGN de la Dure (méthode d'évaluation de la qualité biologique d'un cours d'eau)
Une réflexion en classe sur le mode d'intervention à retenir pour cette zone humide en fonction des difficultés d'accès, des caractéristiques opérationnelles locales
3 jours de travaux mi octobre : retrait des "touradons" d'une graminée, la Molinie, occupant rapidement tout l'espace, ainsi que des quelques pousses de saules présentes (phénomène matérialisant le début de dégradation de la tourbière) ; création de mini mares appelées "gouilles"
Les méthodes retenues pour les travaux et les interventions ont permis de respecter les espèces faunistiques et floristiques patrimoniales présentes et de ne pas porter atteinte au milieu par des moyens "destructeurs" tels que l'emploi de machines lourdes et "trop" puissantes. Ils ont ainsi pu s’effectuer aux périodes favorables pour la biodiversité présente, et n'ont pas porté atteinte aux aménagements présents tels que panneaux et platelage.
Articles et vidéos de restitution produits par les étudiants
N'importe quel naturaliste a à cœur de faire découvrir son travail. En plus d'avoir répondu aux questions des quelques visiteurs de la tourbière pendant les travaux, certains étudiants, cette année, ont décidé de produire une vidéo, présentée au lycée.
D’autres promotions ainsi que leurs professeurs ont également publié divers articles sur le site Internet du lycée "campus Terre et Nature", retraçant les opérations menées en la matière :
Malgré le travail physique dans la boue, l'humidité, quelques fois dans le froid ou avec des températures encore bien chaudes, chaque promotion a pris plaisir à réaliser ce chantier grâce auquel l'équipe pédagogique a pu également faire passer des messages essentiels concernant la préservation de la biodiversité au nom de l'intérêt général.